essence de l’art

Category: Heidegger - Etre et temps etc.
Submitter: Murilo Cardoso de Castro

essence de l’art

Tandis que l’oeuvre soutient le litige entre le monde terrestrement ouvert et la terre se refermant mondainement rien d’autre n’est en oeuvre, en elle comme oeuvre, que l’advenir d’une ouverture du Là - c’est-à-dire de la vérité. Dans l’oeuvre, un advenir de la vérité est mis en oeuvre. Et cette mise-en-oeuvre de la vérité est l’essence de l’art. L’art, ainsi, est une guise en laquelle la vérité advient, l’ouvrir du Là dans l’oeuvre (Hw. 49).

D’où l’oeuvre reçoit-elle sa déterminité d’essence ? Telle est la question auprès de laquelle nous séjournons. Elle nous a conduit à la question préalable : à quoi l’oeuvre appartient-elle en tant que telle ? La réponse est maintenant celle-ci : l’oeuvre appartient à un provenir de la vérité. La guise propre à ce provenir a été saisie comme mettre-en-oeuvre de la vérité. Et celui-ci a été revendiqué comme l’essence de l’art. L’oeuvre - entendons l’oeuvre d’art - appartient ainsi à l’art, ou, plus brièvement : l’oeuvre d’art "est" une oeuvre d’art. On considère ordinairement de telles propositions comme des lieux communs, et celle qu’on vient d’énoncer en serait en effet un si nous nous bornions à répéter deux fois le même mot sans réfléchir. Il ne s’agit cependant plus du tout d’un lieu commun si nous savons à chaque fois, ou même seulement si nous demandons ce que c’est qu’une oeuvre et ce que c’est que l’art. Et alors, l’apparence du lieu commun devient un nouveau signe de ce que nous savons déjà, c’est-à-dire du fait que nous nous mouvons constamment en cercle (Hw. 8).

Pour apporter une réponse à cette question, il est besoin d’une nouvelle précision au sujet de l’essence de l’art. Pour cela, nous nous en tiendrons à la délimitation déjà fournie : l’art est la mise-en-oeuvre de la vérité. L’art porte au provenir, dans la guise à lui propre, la vérité, l’être-ouvert du Là, où seulement s’engage tout étant en tant que tel. C’est dans l’art qu’advient pour la première fois de la vérité. Celle-ci, par conséquent, n’"est" pas sous la main n’importe où, pour être après coup transplantée dans une oeuvre apprêtée dont on dire ensuite qu’elle présente un idée ou une pensée - mais : l’art est un advenir de la vérité (Hw. 25-27, 38).

Le fondement de la nécessité de l’oeuvre se trouve dans l’essence de l’art comme poésie. Celle-ci est fondation comme instauration du litige - comme commencement. Ainsi pouvons-nous apercevoir ceci : l’art est poésie et comme tel, fondation en un triple sens : comme dispensation, comme re-fondation, comme commencement (Hw. 62-63).

Dans le contexte de la méditation le plus vaste, et en un sens définitive, sur l’essence de l’art que possède l’Occident, les Leçons sur l’Esthétique de Hegel, se rencontre cette proposition : "Mais nous n’avons plus un besoin absolu de porter un contenu à la présentation sous la forme de l’art. L’art, considéré du côté de sa plus haute destination, est pour nous quelque chose de passé" (S.W., t. X-1, p. 16) (Hw. 66).

La phrase de Hegel : "Mais nous n’avons plus un besoin absolu de porter un contenu à la présentation sous la forme de l’art", demeure vraie. Cependant, cela doit devenir une question de savoir si cette vérité est définitive. Autrement dit : de savoir si les présuppositions internes de cette phrase, si la conception traditionnelle de l’essence de l’art comme présentation subsistent pour toujours ou bien si elles doivent nécessairement être métamorphosées de fond en comble (Hw. 67).

Submitted on:  Mon, 16-Aug-2021, 21:39