
Notre interprétation provisoire de la structure d’être de l’étant à-portée-de-la-main (des « outils ») a mis en évidence le phénomène du renvoi ; elle l’a fait, cependant, de manière si schématique que nous avions en même temps souligné la nécessité de mettre à découvert ce phénomène, d’abord simplement indiqué, en sa provenance ontologique. De plus, il est apparu que le renvoi et la totalité de renvois devaient en un certain sens être constitutifs de la mondanéité [Weltlichkeit] elle-même. Le monde, en effet, nous ne l’avons vu jusqu’ici que luire dans et pour des guises déterminées de la préoccupation [Besorgen] pour l’étant à-portée-de-la-main dans le monde ambiant, plus précisément avec l’être-à-portée-de-la-main de cet étant. Par suite, plus [77] nous pénétrerons dans la compréhension de l’être de l’étant intramondain, et plus s’élargira et se consolidera le sol phénoménal pour la libération du phénomène du monde. EtreTemps17
Reprenons donc un nouveau départ dans l’être de l’à-portée-de-la-main, avec l’intention, désormais, de saisir de manière plus aiguë le phénomène du renvoi lui-même. Pour y parvenir, tentons une analyse ontologique d’un outil [Zeug] où se rencontrent à divers titres des « renvois ». Un « outil [Zeug] » de cette sorte, nous le trouvons dans les signes. Ce mot sert à désigner des choses diverses : non seulement différentes espèces de signes, mais encore l’être-signe pour..., [lequel] peut lui-même être formalisé en un mode universel de relation, de telle sorte que la structure de signe fournit elle-même un fil conducteur ontologique pour une « caractérisation » de tout étant en général. EtreTemps17
Si la présente analyse se restreint à l’interprétation du signe dans sa différence avec le [78] phénomène du renvoi, même à l’intérieur de ces limites elle ne pourra épuiser toute la multiplicité des signes possibles. Parmi les signes, il y a des indices, des signes précurseurs et rétrospectifs, des insignes, des signes caractéristiques : à chaque fois, la monstration propre à ces divers signes est différente, même abstraction faite de leur utilité respective. Des « signes » cités, il faut ensuite distinguer la trace, le vestige, le monument, le document, le témoignage, le symbole, l’expression, l’apparition, la signification. Ces phénomènes, sur la base de leur caractère formel de relation, sont aisés à formaliser ; nous ne sommes aujourd’hui que trop volontiers enclins, en prenant pour fil conducteur cette « relation », à soumettre tout étant à une « interprétation » qui est d’autant plus sûre de « ne jamais se tromper » qu’elle n’en dit finalement pas plus que le schéma passe-partout de la forme et du contenu [NT: Le structuraliste de service se sera reconnu au passage.]. EtreTemps17