être

Category: Heidegger - Etre et temps etc.
Submitter: Murilo Cardoso de Castro

être

Cette triple composante - relation mondaine, attitude, irruption - fait, en son unité radicale, accéder à l’existence scientifique une simplicité et une acuité irradiantes de l’être "là". Lorsque nous faisons nôtre expressément le mode scientifique d’être "là" ainsi mis en lumière, alors nous devons dire : Ce à quoi va la relation mondaine est l’étant lui-même - et rien d’autre - Ce dont toute attitude reçoit sa direction est l’étant lui-même - et rien d’autre - Ce avec quoi advient, dans l’irruption, l’analyse investigatrice est l’étant lui-même - et au-delà rien. QQMETA: Le déploiement d’une interrogation métaphysique

Dans la claire nuit du rien de l’angoisse, c’est là seulement que s’élève l’ouverture originelle de l’étant comme tel, à savoir : qu’il est étant - et non pas rien. Cet "et non pas rien" [53] ajouté par nous dans le discours n’est pas une explication subsidiaire, mais bien ce qui rend possible, au préalable, la manifestation de l’étant en général. L’essence du rien originellement néantissant réside en ceci : qu’il porte avant tout l’être "là" devant l’étant comme tel. QQMETA: La réponse à la question

Par là est acquise la réponse à la question portant sur le rien. Le rien n’est ni un objet, ni d’une façon générale un étant. Le rien ne se lève, ni pour soi, ni à côté de l’étant, auquel, pour ainsi dire, il s’adjoindrait. Le rien est ce qui rend possible la manifestation de l’étant comme tel pour l’être-là humain. Le rien ne fournit pas d’abord le concept antithétique de l’étant, mais appartient originellement à l’essence elle-même. Dans l’être de l’étant advient le néantir du rien. QQMETA: La réponse à la question

Par là est établie dans se traits fondamentaux la thèse énoncée plus haut : le rien est l’origine de la négation et non l’inverse. Si la puissance de l’entendement est ainsi brisée dans le champ des questions portant sur le rien et sur l’être, c’est aussi le destin de la souveraineté de la "logique" à l’intérieur de la philosophie qui, par là même, se décide. L’idée même de la "logique" se dissout dans le tourbillon d’un interrogation plus originelle. QQMETA: La réponse à la question

[55] Sur le rien, la métaphysique s’exprime, de longue date, en une formule assurément équivoque : ex nihilo nihil fit, rien ne vient de rien [NT: aus Nichts wird Nichts. On notera ici les majuscules.]. Quoique, dans la discussion de la formule, jamais le rien lui-même proprement ne fasse problème, celle-ci porte cependant à l’expression, à partir de la référence faite à chaque fois au rien, la conception fondamentale de l’étant en l’occurrence directrice. La métaphysique antique conçoit le rien sous l’espèce du non-étant, c’est-à-dire de l’élément sans forme, qui ne peut lui-même se forme en un étant doué de forme et offrant, par là même, un aspect (eidos). L’étant est la configuration se figurant qui se présente comme telle dans la figure (ce qui s’offre à la vue). L’origine, la légitimité et les limites de cette conception de l’être sont aussi peu discutées que le rien lui-même. La dogmatique chrétienne, par contre, nie la vérité de la formule ex nihilo nihil fit et donne au rien, ce faisant une signification modifiée, au sens de l’absence totale de l’étant extra-divin : ex nihilo fit - ens creatum. Le rien devient alors le concept antithétique de l’Étant proprement dit, du summum ens, de Dieu comme ens increatum. Ici aussi, l’interprétation du rien annonce la conception fondamentale de l’étant. Mais la discussion métaphysique de l’étant se place sur le même plan que la question portant sur le rien. Les questions portant sur l’être et le rien restent comme telles toutes deux hors de débat. C’est aussi pourquoi l’on ne s’embarrasse nullement de cette difficulté que, si Dieu crée à partir du rien, il faut bien qu’il puisse se rapporter à lui. Mais si Dieu est Dieu, il ne peut connaître le rien, s’il est vrai que l’"absolu" exclut de soi toute nullité. QQMETA: La réponse à la question

Ce rappel historique sommaire montre le rien comme concept antithétique de l’étant proprement dit, c’est-à-dire comme sa négation. Mais que le rien fasse en quelque façon problème, alors ce rapport antithétique non seulement reçoit une détermination plus claire, mais c’est seulement que s’éveille le questionnement métaphysique proprement dit sur l’être de l’étant. Le rien ne reste pas le vis-à-vis indéterminé de l’étant, mais se dévoile comme ayant part à l’être de l’étant. QQMETA: La réponse à la question

"L’être pur et le rien pur, c’est donc le même." Cette formule de Hegel (Science de la Logique, livre I, WW III, p. 74) est juste. Être et rien sont dans une appartenance réciproque, non toutefois parce que l’un et l’autre - du point de vue du concept hégélien de la pensée - s’accordent dans leur indétermination et leur immédiateté, mais parce que l’être lui-même est fini dans son essence et ne se manifeste que dans la transcendance de l’être-là en instance extatique dans le rien. QQMETA: La réponse à la question

S’il est vrai que la question portant sur l’être comme tel est la question englobante de la métaphysique, la question portant sur le rien s’avère être d’une espèce telle qu’elle embrasse l’ensemble de la métaphysique. Mais la question portant sur le rien traverse en même temps l’ensemble de la métaphysique, dans la mesure où elle nous oblige à nous placer devant le problème de l’origine de la négation, c’est-à-dire au fond, devant la décision touchant la souveraineté légitime de la "logique" dans la métaphysique. QQMETA: La réponse à la question

L’ancienne formule ex nihilo nihil fit reçoit alors un autre sens qui concerne le problème même de l’être et s’énonce : ex nihilo omne ens qua ens fit. C’est dans le rien de l’être-là que l’étant dans son ensemble, selon sa possibilité la plus propre, c’est-à-dire sur un mode fini, seulement vient à soi-même. En quelle mesure la question portant sur le rien, si elle est une question métaphysique, a-t-elle alors inclus en soi notre être-là questionnant ‘ Nous caractérisons notre être-là éprouvé ici et maintenant comme essentiellement déterminé par la science. Si notre être-là ainsi déterminé est impliqué dans la question portant sur le rien, il doit alors, à travers cette question, lui-même faire question. QQMETA: La réponse à la question

Submitted on:  Mon, 16-Aug-2021, 21:52