
Bewusstsein [GA5] Erfahrung [SZ] Bewusstsein Le quatorzième paragraphe commence avec la phrase : « Ce mouvement dialectique que la conscience [Gewissen] exerce en elle-même, en son savoir aussi bien qu’en son objet, dans la mesure où le nouvel objet vrai en jaillit pour elle, est proprement ce qu’on nomme expérience. » Que nomme Hegel avec le mot « expérience » ? Il nomme lêtre de l’étant. L’étant est devenu entre‑temps sujet et, avec celui‑ci, objet et objectif. Être signifie depuis l’aurore de la pensée: se déployer en présence. La guise en laquelle la conscience [Gewissen], c’est‑à‑dire l’étant qui est à partir de l’être‑su, est présente, c’est l’apparaitre. En tant que l’étant qu’elle est, la conscience [Gewissen] est le savoir apparaissant. Avec le mot d’expérience, Hegel nomme l’apparaissant en tant qu’apparaissant, l’on he on. Dans ce mot d’expérience est pensé le he. A partir du he (qua, en tant que), l’étant est pensé en son étantité. Expérience n’est plus maintenant le nom pour un genre de connaissance. Expérience est maintenant la parole de [220] l’être, dans la mesure où celui‑ci a été entendu [NT: c’est-à-dire dans la mesure où l’En-tendant s’est tendu vers l’étant en tant que tel] à partir de l’étant en tant que tel. Expérience nomme ainsi la Subjectité du sujet. Expérience dit ce que signifie, dans le mot de Bewusst‑sein le « ‑sein » mais cela de telle sorte que c’est seulement à partir de ce « ‑sein » que se précise et devient normatif ce qui reste à penser dans le mot « Bewusst‑ ». Le mot d’expérience, assez singulier ici, échoit dàs la méditation comme nom de lêtre de l’étant parce qu’il est venu à échéance. Il est vrai que son emploi tombe complètement hors de l’usage aussi bien du langage habituel que du langage philosophique. Mais il tombe comme le fruit de la chose elle‑même devant laquelle la pensée de Hegel ici persévère. La justification de cet emploi de langage ‑ lequel est quelque chose d’essentiellement autre qu’une simple façon de parler ‑ est contenue dans ce que, quant à la nature de la conscience [Gewissen], Hegel a fait venir à la vision à travers les paragraphes précédents. Il s’agit des trois thèses sur la conscience [Gewissen] qui dessinent la disposition de cette nature en son plan. [...] Le moment de déploiement essentiel de l’expérience réside en ce jaillissement à la conscience [Gewissen] du nouvel objet vrai. C’est cette naissance du nouvel objet en tant que jaillissement de la vérité qui importe, et non pas la prise de connaissance d’un objet en tant qu’ob‑jet, [225] c’est‑à‑dire en tant que ce qui fait face. L’objet n’est de toute façon plus à penser maintenant comme l’en‑face de la représentation, mais comme ce qui surgit, à l’encontre de l’ancien objet au sens du non‑encore‑vrai, comme la vérité de la conscience [Gewissen]. L’expérience est cette manière dont la conscience [Gewissen], dans la mesure même où elle est, s’élance à la poursuite de son concept en tant que quoi elle est en vérité. Cette enquête de l’élan de la conscience [Gewissen] atteint, dans le vrai apparaissant, l’apparaitre de la vérité. L’atteignant ainsi, elle parvient dans le s’apparaître à lui‑même de l’apparaître. Le « ‑per‑ » dans expérience, a la signification originelle de conduire [NT: -per- est le même radical qui se retrouve dans l’allemand fahr-en (v.h.a. fuorran : conduire) et l’anglais fare. Il signe le mouvement de traverser, de percer. Ce per- se retrouve dans peiro, poros, eupeiria, et expérience]. Lors de la construction d’une maison, le charpentier conduit expertement la poutre dans une direction précise. L’expérience, c’est le « tendre‑vers » qui arrive en plein où il faut... L’expérience, c’est le conduire qui fait parvenir à ... : le berger conduit le troupeau hors de l’étable et le guide jusqu’à la montagne.. L’expérience, c’est le parcours qui s’élance jusqu’à ce qui est à atteindre. L’expérience est une guise de la prësence, c’est‑à‑dire de l’Ëtre. Par l’expérience, la conscience [Gewissen] apparaissante se déploie comme apparaissante en sa propre présence auprès de soi. L’expérience rassemble la conscience [Gewissen] dans le recueil de son déploiement. L’expérience est le mode de la présenteté (Anwesenhelt) du présent qui se déploie dans le « se représenter soi‑même ». Le « nouvel objet » jaillissant à chaque moment respectif dans l’histoire de la formation de la conscience [Gewissen] n’est pas quelque vrai ou quelque étant mais la vérité du vrai, lêtre de l’étant, l’apparaître de l’apparaissant, l’expérience. Le nouvel objet n’est, d’après la dernière phrase du quatorzième paragraphe, rien d’autre que l’expérience elle‑même. [GA5 219] Erfahrung