
Mitteilung [SZ]
Le parler est l’articulation « signifiante » de la compréhensivité de l’être-au-monde [In-der-Welt-sein] auquel l’être-avec [Mitsein] appartient et qui se tient à chaque fois en une guise déterminée de l’être-l’un-avec-l’autre [Miteinandersein] préoccupé. Celui-ci est parlant en ce sens qu’il acquiesce, décline, requiert, avertit — en tant qu’il débat, confère, intercède — en tant encore qu’il dépose et parle au sens précis du « discours ». Le parler est parler sur... Le ce-sur-quoi du parler n’a pas nécessairement, et même le plus souvent il n’a pas le caractère du thème d’un énoncé [162] déterminant. Même un commandement porte sur..., même un souhait a son ce-sur-quoi, même l’intercession n’en est pas dépourvue. Le parler a nécessairement ce moment structurel parce qu’il co-constitue l’ouverture de l’être-au-monde [In-der-Welt-sein], et ainsi parce qu’il est préformé en sa structure propre par cette constitution fondamentale du Dasein. Ce dont il est parlé dans le parler est toujours « abordé » par lui d’un certain point de vue et dans certaines limites. Dans tout parler, il y a un parlé comme tel, à savoir le dit comme tel de tout souhait, de toute question, de tout débat sur... C’est en lui que le parler se partage (communique).
Le phénomène de la communication doit, ainsi qu’il a déjà été indiqué dans l’analyse [de l’énoncé], être compris en un sens ontologiquement large. Une « communication » énonciative, un « communiqué » par exemple, est un cas particulier de la communication saisie existentialement de manière fondamentale. C’est en celle-ci que se constitue l’articulation de l’être-l’un-avec-l’autre [Miteinandersein] compréhensif. C’est elle qui accomplit le « partage » de la co-affection et de la compréhension de l’être-avec [Mitsein]. La communication n’est jamais quelque chose de tel qu’un transport de vécus, d’opinions et de souhaits, par exemple, de l’intériorité d’un sujet à celle d’un autre. L’être-Là-avec [Mitdasein] est essentiellement déjà manifeste dans la co-affection et dans la co-compréhension. L’être-avec [Mitsein], dans le parler, est « expressément » partagé, c’est-à-dire qu’il est déjà, alors même que, non partagé, il n’est point saisi ni approprié.
Tout parler sur... qui communique en son parlé, a en même temps le caractère du s’ex-primer. Parlant, le Dasein s’ex-prime, non point parce qu’il est d’abord un « intérieur » séparé de l’extérieur, mais parce que, comprenant en tant qu’être-au-monde [In-der-Welt-sein], il est déjà « dehors ». L’ex-primé est justement l’être-dehors, c’est-à-dire la modalité à chaque fois présente de l’affection (de la tonalité), dont il a été montré qu’elle concerne la pleine ouverture de l’être-à. L’index linguistique de cette annonce de l’être-à affecté inhérente au parler se trouve dans l’intonation, la modulation, le tempo du parler, dans « la manière de parler ». La communication des possibilités existentiales de l’affection, autrement dit l’ouvrir de l’existence peut devenir le but autonome du parler « poétique ».
Le parler est l’articulation significative de la compréhensivité affectée de l’être-au-monde [In-der-Welt-sein]. Lui appartiennent, à titre des moments constitutifs : le ce-sur-quoi du parler (ce dont il est parlé), le parlé comme tel, la communication et l’annonce. Ce ne sont pas là des propriétés qui se laisseraient simplement collecter de manière empirique dans la langue, mais des [163] caractères existentiaux enracinés dans la constitution d’être du Dasein, qui seuls rendent ontologiquement possible quelque chose comme de la parole. Il se peut que, dans la
configuration linguistique factice d’un parler déterminé, tel ou tel de ces moments fasse défaut ou passe inaperçu. Que souvent ils ne viennent pas « littéralement » à l’expression, cela est seulement le signe d’un type déterminé du parler qui, pour autant qu’il est, n’en doit pas moins d’être à chaque fois présent dans la totalité des structures qu’on a nommées. [EtreTemps34]