
Destruktion [SZ]
Mais si la question de l’être requiert elle-même que soit reconquise la transparence de sa propre histoire, alors il est besoin de ranimer la tradition durcie et de débarrasser les alluvions déposées par elle. Cette tâche, nous la comprenons comme la destruction, s’accomplissant au fil conducteur de la question de l’être, du fonds traditionnel de l’ontologie antique, [qui reconduit celle-ci] aux expériences originelles où les premières déterminations de l’être, par la suite régissantes, furent conquises.
Cette mise en évidence de l’origine des concepts ontologiques fondamentaux, dont les recherches visent à établir leur « acte de naissance », n’a rien à voir avec une mauvaise relativisation de points de vue ontologiques. La destruction n’a pas davantage le sens négatif d’une évacuation de la tradition ontologique. Au contraire, elle doit situer celle-ci dans ses possibilités positives, autant dire toujours dans ses limites, telles qu’elles sont factuellement données avec chaque problématique et avec la délimitation du champ possible de recherche tracée à partir d’elle. La destruction ne se rapporte pas de façon négatrice au passé, sa critique touche l’« aujourd’hui » et le mode dominant de traitement de l’histoire de l’ontologie, qu’il [23] relève de la doxographie, de l’histoire de l’esprit ou de l’histoire des problèmes. Mais la destruction ne veut point enfouir le passé dans le néant, elle a une intention positive ; sa fonction négative demeure implicite et indirecte. [EtreTemps6, tout le paragraphe]