
Une région, au contraire, est pro-voquée à l’extraction de charbon et de minerais. L’écorce terrestre se dévoile aujourd’hui comme bassin houiller, le sol comme entrepôt de minerais. Tout autre apparaît le champ que le paysan cultivait autrefois, alors que cultiver (bestellen) signifiait encore : entourer de haies et entourer de soins. Le travail du paysan [21] ne pro-voque pas la terre cultivable. Quand il sème le grain, il confie la semence aux forces de croissance et il veille à ce qu’elle prospère. Dans l’intervalle, la culture des champs, elle aussi, a été prise dans le mouvement aspirant d’un mode de culture (Bestellen) d’un autre genre, qui requiert (stellt) la nature. Il la requiert au sens de la pro-vocation. L’agriculture est aujourd’hui une industrie d’alimentation motorisée. L’air est requis pour la fourniture d’azote, le sol pour celle de minerais, le minerai par exemple pour celle d’uranium, celui ci pour celle d’énergie atomique, laquelle peut être libérée pour des fins de destruction ou pour une utilisation pacifique. Le « requérir », qui pro voque les énergies naturelles, est un a avancement » (ein Fördern) en un double sens. Il fait avancer, en tant qu’il ouvre et met au jour. Cet avancement, toutefois, vise au préalable à faire avancer une autre chose, c’est-à-dire à la pousser en avant vers son utilisation maximum et aux moindres frais. Le charbon extrait (gefördert) dans le bassin houiller n’est pas « mis là » pour qu’il soit simplement là et qu’il soit là n’importe où. Il est stocké, c’est-à-dire qu’il est sur place pour que la chaleur solaire emmagasinée en lui puisse être « commise ». Celle-ci est pro-voquée à livrer une forte chaleur, laquelle est commise (bestellt) à la livraison de la vapeur, dont la pression actionne un mécanisme et par là maintient une fabrique en activité. [GA7, pg. 21]